samedi 14 juillet 2012

Célébrités

Voir aussi : Religieux PersonnalitésJésuitesCélébrités
Les textes de cette page sont tous extraits du livre "Questions autour de l'homme réel" de François Ader

Boris Pasternak

Quand Pasternak quitta l'Union Soviétique – raconte Louis Guilloux dans une « Apostrophe » d'il y a deux ans, rediffusée ce mois d'août– l'auteur de Jivago, de passage à Paris, y conclut une allocution par ces mots : « Et maintenant, camarades, il faut faire quelque chose pour rendre la vie plus légère… » C'est à cette fin que j'ai fait part de mes lourdeurs. La culture de l'époque, et le mystère de l'homme, en ont fait un poids de faute. Cette charge est parfois du désespoir. Je travaille à l'alléger. C'est difficile.






Isaac Bashevis Singer

On demandait récemment au vieil écrivain yiddish Isaac Bashevis Singer ce qu'il avait voulu dire en affirmant en 1978, dans son discours d'acceptation du prix Nobel, que « la littérature peut apporter de nouveaux horizons et des perspectives nouvelles ». Voici la réponse de cet homme de soixante-dix-huit ans à la question : « dans quels domaines ? »
« L'horizon est surtout celui des émotions. Elles sont si importantes dans la vie humaine qu'elles ouvrent des perspectives encore plus vastes que les idées. Tolstoï et Dostoïevski n'ont pas créé une philosophie nouvelle mais exploré des espaces inconnus de l'émotion humaine. Cela continue. Il y a cent ans, on n'aurait jamais osé écrire la sexualité comme aujourd'hui. C'était idiot, car on ne peut pas décrire l'amour sans sexualité. Dans Anna Karénine, Tolstoi laisse entendre que l'héroïne n'est pas satisfaite sexuellement par son mari. Mais ce ne sont que des suggestions. Aujourd'hui, l'écrivain peut dire pourquoi elle n'est pas épanouie, pourquoi elle pense à un autre homme. Que la littérature se soit débarrassée de nombreux tabous est, à mes yeux, une avancée aussi fondamentale que telle ou telle découverte en psychologie ou en sociologie. Le véritable sujet de la littérature est l'individualité de l'homme et ses émotions – ce qui est pratiquement la même chose. »

Lech Valésa, syndicaliste

Prison, donc : prison, prison. Prison pour Lech Valésa, prison pour ses conseillers, prison pour tant et tant d'autres Polonais, prison pour les voïvodies polonaises, coupées les unes des autres, prison pour la Pologne elle-même, isolée brusquement du Monde, prison pour ces chrétiens chinois, tant éprouvés déjà… Et moi, libre ici d'écrire sur ma prison, chauffé, nourri, disposant de la radio, du téléphone, des journaux, libre de sortir, éventuellement de voyager, d'aller voir en tout cas des amis. . Libre de mon corps, de mes mouvements. Et disposant d'un espace – de confort et d'aisance – que me payent, par leurs chaînes, ceux qui garantissent involontairement, à travers un partage de l'Europe, la sécurité de voisins qui seraient autrement pour nous une menace.

Pierre de Boisdeffre, diplomate écrivain

Au terme d'une adresse à Jean-Paul II, et après y avoir exprimé des vœux concernant le respect des droits de l'homme dans l'Église, des droits de la femme, de l'intimité conjugale, la question de l'œcuménisme, du rôle des congrégations romaines, du rapprochement de la science et de la foi, Pierre de Boisdeffre, l'auteur de la « Foi des Anciens Jours », écrit dans « Choisir », la revue des jésuites suisses d'expression française : « Formuler de tels vœux – qui paraîtront scandaleux à certains, insuffisants à d'autres – ce n'est pas dicter au Pape ses décisions, c'est demander au Père Universel de regarder en face des problèmes qui ne sont pas seulement des problèmes d'Église, mais des problèmes d'hommes »

Soljenitsyne

Hier au soir, j'ai regardé Soljenitsyne. Saisi par l'homme. Par cet homme, là, maintenant, en exil, au travail dans le Vermont, à soixante-cinq ans, après tant d'années derrière lui de guerre, de prison, de cancer, de goulag, de persécution. Saisi par sa vitalité, par sa fraîcheur d'âme. Par ce regard qui va si loin dans l'homme, dans l'histoire. Par ce déploiement et par cet affinement. Par son affirmation de Dieu. Par cet oratoire byzantin dans sa maison même. Par ce torrent de vie… J'ai prié longuement ensuite. Plus au calme que d'habitude. Plus sûr. Et je me suis demandé pourquoi toutes ces touches dans ma vie, tous ces frôlements d'ailes, ne me portaient pas davantage. Comme si cette manne abondante, je la digérais mal.

Raymond Aron

Je me souvins alors de ce que j'avais éprouvé très fort, il y a six, jours, Vendredi dernier, pendant la rediffusion de l’« Apostrophe » consacrée toute entière à Raymond Aron. Tout d'un coup, devant tant de droiture, tant de lucidité, je ressentis une émotion profonde, « religieuse », d'admiration, et ma pensée, spontanément, s'en fut vers Jésus. Moment de réconfort. De clarté plutôt. Comme l'entrée soudaine, fugitive, d'un « Sens » qui éclaire le « Tout ».


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Les textes de cette page sont tous extraits du livre "Questions autour de l'homme réel" de François Ader

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